Dans son recueil de nouvelles « Les liens », parut aux Editions Céda, l’écrivain ivoirien Amadou Koné, met en exergue les différentes sortes de chaine qui peuvent retenir des personnes. Ce, à travers l’histoire de différents personnages.
L’auteur Amadou Koné évoque « Les liens » qui peuvent unir deux personnes. Quelquefois c’est une simple promesse qui enchaine celui qui l’a faite. C’est le cas de Brahima, le personnage principal de « Le bâton, l’arbre et les fruits », la première nouvelle. Pour lui la promesse de mariage faite à sa bien-aimée, Aminata est devenue une obligation, un acte à accomplir coûte que coûte. A telle enseigne que lui et ses parents vont s’y accrocher bien que la jeune fille se soit enfuit avec un autre homme. « Aminata est à toi, il faut la reprendre. Notre frère ira à sa recherche. Il la ramènera. Je lui fais confiance », page 15.
Des fois, un choix, quel qu’il soit peut finir par lier une personne à tel point qu’il sombre dans une torpeur à l’image du personnage principal de la nouvelle « Pour oublier ». Face à la trahison de son ami et frère ainsi que celle de sa femme, il préfère l’inertie. « Comment expliquer au jeune lycéen ce manque… de motivations pour recommencer une nouvelle vie », page 40. Il préfère se laisser mourir lentement. « S’arrêter, guérir, se refaire des amis pour qui, il se sacrifierait et par qui, il serait trahi à la première occasion… », page 40. Non ! Autant attendre la mort. Une décision que refusera de prendre Gnoubi, dans « La mort du peul », la troisième nouvelle.
Gnoubi et son frère, abandonné par tous, a entrepris de voir la vie comme un défi. Pour cela, il a choisi de faire fortune grâce à son travail. Une richesse qui lui permettra d’être considérée et de se faire des amis. Ce qui constitue pour Gnoubi « Une vengeance contre la mesquinerie… et la duplicité », page 53. Mais l’argent, ce nouveau lien, va être cause de trahison entre lui et son hôte Bakayoko. « Ah ! Allah l’argent nous conduira en enfer. En tout cas l’argent conduisit Bakayoko à se retrouver collé au sol », page 55. Le genre de prison dans laquelle Bomey, le personnage de « Mami Wata », la quatrième nouvelle a refusé de se laisser enfermer.
Dans « Mami Wata », Bomey, un jeune homme pauvre, a vu sa demande en mariage refusée contre celle d’un homme plus nantie. Toutefois cela ne l’ébranlera pas. Mieux, il s’est acharné au travail au lieu d’accepter la proposition de mariage de la sirène des eaux. « Je veux te rendre le plus heureux des hommes. Tu auras la richesse, la gloire et la puissance », page 69. La sirène lui promettait ainsi, cette fortune qu’il recherchait dans le dur labeur quotidien. Mais l’amour de Mami Wata est difficile à assumer. « Tu ne reconnaîtras d’autre famille que moi, tu ne regarderas jamais plus une autre femme…et moi je n’ai rien d’autre que toi. Voilà », page 69. Une alliance que Bomey, le héros de la nouvelle refusa catégoriquement. « Il y a entre eux et moi des liens que rien ne peut casser. Je ne peux me détacher des hommes… », page 74.
« Les liens », cette nouvelle de 80 pages, est écrite dans un style simple et accessible à tous. A travers les quatre histoires, l’auteur Amadou Koné fait ressortir les faiblesses des uns face aux désirs du bonheur qui finalement les retiennent prisonnier de gré ou de force. Que ce soit l’argent, la famille ou la femme, il est important de mettre les relations humaines au-dessus de la recherche effrénée de ce bonheur qui s’avère être souvent source de malheur.
Ce roman de poche passionnant, se lit d’un trait et constitue une sorte de miroir pour le lecteur.
En dehors de sa carrière de professeur et de chercheur, Amadou Koné Écrivain précoce et très prolifique né en mai 1953 à Tangora dans le cercle de Banfora, au Burkina Faso actuel a eu une longue carrière d’écrivain. Avec une écriture fortement marquée par le cadre de son enfance.
Angeline Djérabé
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