Débats et opinions

Honoré K. Gbondo, président de TFA «Transformation locale oui, mais pas avec les multinationales»

Quel bilan faites-vous de vos actions menées sur le terrain ?

La plateforme TFA mène des actions depuis 2018, soit quatre ans. Afin de sensibiliser nos gouvernants et les populations ivoiriennes sur la nécessité d’adopter la transformation locale de nos matières premières. Et la mise en place d’une politique favorable à l’émergence des champions ivoiriens dans l’industrie agro-alimentaire. 

Pour faciliter la tâche à nos gouvernants, nous avons conçu un concept économique. Il est tiré de la vision économique de Félix Houphouët-Boigny,  père de la Côte d’Ivoire moderne. Tout en s’inspirant des modèles économiques à succès. Entre autres la Corée du Sud, Singapour, Malaisie, Dubaï, etc. Il prend en compte la Nouvelle Vision de l’industriel et économiste franco-chinois Thierry Tan.

Ce concept économique est baptisé VNC (Vision, Nationale, Commune). Il a été présenté officiellement en Novembre 2021 dernier.

Alors, la plateforme TFA est dans l’action et non dans le silence. Notre bilan est  plus que positif. Le démontre les discours actuels de nos dirigeants. Le Premier ministre aujourd’hui ne parle que de transformation locale de nos matières premières. Et nous assistons de plus en plus à l’inauguration d’usines.

Que propose le concept économique VNC ?

Aujourd’hui l’objectif est mis sur la transformation locale comme l’a toujours recommandé notre organisation.

Cependant, je crains que cette révolution industrielle en Côte d’Ivoire ne se fasse sans les ivoiriens et contre les ivoiriens.

En effet, le concept économique VNC (Vision Nationale Commune) de la TFA recommande trois points cumulatifs. Dont la mise en œuvre doit être concomitante. Il s’agit de la transformation locale de nos matières premières, nos vivriers et nos plantes médicinales. Egalement la Détaxe ou Duty free qui est un système de simplification de nos fiscalités. Enfin la Déréglementation administrative ainsi que l’appui financier et l’accompagnement des nationaux. Malheureusement le gouvernement se limite au premier point en négligeant les autres. Et c’est dommage!

En plus, le gouvernement n’implique pas les organisations comme la nôtre dans la mise en œuvre de ces politiques de transformation structurelle économique.

Il y a peut-être des insuffisances dans votre concept ?

Le 04 Novembre dernier le premier ministre a été invité ainsi que d’autres ministres. Mais aucun membre du gouvernement n’a honoré notre invitation. Nous avons une demande d’audience sur la table du premier ministre qui reste sans réaction de sa part. Alors j’ai très peur pour l’avenir des ivoiriens.

On endette les ivoiriens à coût de centaines de milliards pour des projets sans impact réel dans leur quotidien. Qu’est devenu l’agropole de Yamoussoukro? Que sont devenus tous les projets de transformation de l’anacarde? Ce nouveau projet des chaînes de valeurs compétitives pour l’emploi et la transformation en quoi consiste-t-il? Que doit retenir le planteur quant à l’amélioration de ces conditions de vie? Nous avons fait des dons de kits scolaires aux enfants des planteurs de Tiassalé l’année dernière. Ce, à cause de la souffrance et de la misère de nos parents.

Nous demandons au premier ministre de nous accorder une audience. Pour que nous lui livrions notre concept économique pour le bonheur des ivoiriens. Et surtout, nous demandons au gouvernement d’impliquer notre organisation dans la mise en place de ces projets.

Quel danger court la Côte d’Ivoire avec la mise en place d’usine locale par l’entremise de multinationales appartenant à des investisseurs étrangers ?

La Côte d’Ivoire et les ivoiriens courent un grand danger en laissant uniquement entre les mains des multinationales étrangères leur révolution industrielle. Je m’explique.

La chaîne des valeurs du cacao, par exemple, représente 60.000 milliards de francs CFA. Chaque membre de cette chaine a un pourcentage. A savoir, 5% pour les producteurs que nous sommes.  8% pour les broyeurs et 44% reviennent aux transformateurs de produit finis. Notamment le chocolat et les  produits cosmétiques. Et enfin 43% pour la chaine de distribution et commerciale.

Aujourd’hui les multinationales étrangères qui s’installent pour le cacao font essentiellement du broyage. Cela veut dire que les 8% de la chaîne de valeur nous échappent. Car ils sont rapatriés par la multinationale. Et donc nos planteurs ne bénéficieront pas de sitôt d’amélioration du prix de leurs produits. Puisque l’acheteur étranger imposera toujours son prix. En outre, notre économie sera toujours dépendante de l’endettement.

Alors, quel est la solution de TFA ?

Il est urgent que nos autorités politiques tout en recevant les grands groupes étrangers aide les nationaux à la mise en place d’un grand groupe industriel. A capitaux ivoiriens pour la transformation locale de nos matières premières. Egalement qu’il soutienne les industriels ivoiriens à tenir la compétition avec les grands groupes étrangers. Sinon aujourd’hui le corpus industriel ivoirien part à la compétition pieds et mains liés.

Si parler en faveur des ivoiriens ou demander l’implication des ivoiriens dans leur révolution industrielle encours c’est troubler l’ordre public, alors que les gens me traitent comme ils veulent. Car tant que les planteurs ne connaitront pas une amélioration de leur condition de vie, tant que notre économie ne s’inscrira pas dans la durabilité, je parlerai.

Jusqu’où ira TFA, si la cause n’est pas entendue ?

Je pense que la cause est déjà entendue. Il faut seulement inviter le gouvernement à plus d’effort pour le bonheur des ivoiriens. Nous appelons les ivoiriens au sursaut pour une révolution industrielle durable et profitable à tous en vue d’une prospérité partagée en Côte d’Ivoire.

Pour finir, j’invite les ivoiriens à nous rejoindre dans cette vision VNC. En s’inscrivant massivement dans l’Elan National Citoyen que nous venons de lancer. Il s’agit de www.elannationalcitoyen.org.

Réalisée par

Valéry Kelly

Laregionalenews.ci

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