Entamée le mercredi dernier, les lampions se sont éteints sur l’édition 2018 de l’Abissa, fête annuelle du peuple N’zima Kôtôkô de Grand-Bassam, cité balnéaire située à 40 Km au sud de la Côte d’Ivoire, après la sortie du tam-tam sacré.
Cette année, les garants de la tradition N’zima Kôtôkô ont opté pour une cérémonie spéciale de purification afin de protéger la communauté d’un éventuel malheur, en raison de la crise communautaire qu’elle traverse. « Nous venons d’assister à un Abissa traditionnel, dans la pure et stricte tradition afin de permettre à la famille détentrice du tam-tam de faire un rituel pour éloigner les calamités », a confié Jean-Baptiste Amichia, président du Comité d’organisation (Pco). Selon lui, les familles Babilé et Maflé, détentrices des éléments rituels de l’Abissa, ont décidé d’écourter la partie de la fête qui consacre la liesse populaire. Ainsi, a-t-il poursuivi, « la famille Babilé a respecté la pure tradition et satisfait à ses obligations en disant : le peuple est protégé, nous avons fait le nécessaire ».
En effet, comme l’indique la tradition, dans ce genre de circonstance, certains principes doivent être observés. C’est pourquoi « Le tam-tam a joué sur les trois rythmes et fait trois fois le tour de l’espace. Dans la partie traditionnelle, la sortie du roi n’est pas exigée donc, il n’est pas sorti sur la place publique. La danse a été effectuée non pas sur la place, mais autour du tam-tam et aussi au domicile de la famille Babilé qui garde le tam-tam entre deux Abissa », a expliqué Jean-Baptiste Amichia. Qui n’a pas manqué d’ajouter que le rituel a pris beaucoup plus de temps avant que le tam-tam ne sorte.
En fait, suite au scrutin du 13 octobre 2018, les partisans de Philippe Ezaley, maire sortant, déclaré perdant par la Commission électorale indépendante (Cei), et ceux de Jean-Louis Moulot, son rival, se sont affrontés. Ils ont profané l’espace Abissa. Pour cela, les garants de la tradition N’zima Kôtôkô ont décidé de faire une cérémonie de purification cette année, afin de sauver ladite fête annuelle de la cité balnéaire. « Ce n’est pas seulement l’événement qu’on sauve, mais nous préservons également le peuple », a précisé Jean-Baptiste Amichia.
Angeline Djérabé