Né en 1958, Fahé Ipotey Badia ou « Petit barrot » comme on l’appelait affectueusement a été champion de lutte de Côte d’Ivoire dans les années 80. A la faveur des fêtes de fin d’année de 2019, célébrées à Tiény-Séably son village natal, chef-lieu de sous-préfecture de la région du Guémon, à Man, dans l’Ouest ivoirien, nous l’avons rencontré de manière fortuite.
A l’âge de 7 ans, Fahé Ipotey entame sa carrière de lutteur. Il participe aux différentes compétitions inter-villages. Devenu adolescent, le petit fils du patriarche Badia du canton péomé décide d’aller « se chercher » à Abidjan. C’est alors que Fahé Ipotey dit Kei Emmanuel apprend que l’on pratique la lutte dans la commune de Yopougon. Il décide de prendre part aux compétitions. Et grâce à son talent, le jeune lutteur est coopté pour rejoindre la sélection nationale en 1980. Il devient ainsi le champion national de lutte après avoir remporté selon lui, plusieurs combats en Côte d’Ivoire. Dès lors « Petit barrot » participe à des luttes en dehors de son pays. Notamment en Chine, au Niger et au Sénégal. « Je n’ai aucune défaite à mon actif. J’ai toujours gagné mes combats par K.O. excepté deux combats que j’ai gagnés par points au Sénégal. »
Fahé Ipotey, un lutteur dans l’âme
Ce lutteur né, acquiert ainsi, une renommée qui dépasse les frontières ‘‘Manoises’’ voire ivoiriennes. En effet, en 1980 date à laquelle il rejoint la sélection nationale de lutte, Fahé Ipotey affirme avoir remporté la médaille d’argent aux Jeux olympiques du Maroc.
Grâce à des techniques propres à lui, l’homme trapu de 1m52, arrive à mettre dos à terre n’importe lequel de ses adversaires. « En combat amical ou en compétition j’ai remporté la victoire sur des nigériens, Chinois, Sénégalais etc. Je les battais sur leur propre terrain sans problème », dit-il avec fierté. Cette efficacité de Fahé Ipotey doublée de sa hargne de vaincre, lui ont valu, poursuit-il, la sympathie du premier Président de la Côte d’Ivoire, feu Félix Houphouët Boigny. Qui l’a pris en estime au point de permettre au nouveau champion de 54 kg, de l’accompagner dans certains de ses déplacements à l’extérieur du pays.
Toutefois, après son sacre au Maroc, il affirme n’avoir pas pu entrer en possession de la récompense du Président Felix Houphouët-Boigny. Car, elle est restée entre les mains d’un intermédiaire. « On m’a laissé entendre que le père fondateur a remis une enveloppe à Simone Leroux à mon intention. Malheureusement, elle est décédée et je n’ai jamais pu récupérer mon dû. » Le champion dit avoir fait le pied grue à la présidence en vain. Fort de cette mésaventure, il a décidé de retourner dans son village. « Je ne pouvais pas continuer la lutte sans rien gagner en retour. Surtout qu’il m’arrivait de soulever des gens plus costauds que moi ».
Ce père de onze enfants dit avoir été rappelé par la Fédération de lutte qui s’est heurtée à son niet. Aujourd’hui retranché dans son village, il vit dans le dénuement total. Mal en point, l’ex-champion devenu frêle, occupe une chambre chez son petit frère. Malgré son état de santé et le poids de l’âge, Fahé Ipotey a recemment gratifié les spectateurs d’une démonstration des techniques de lutte, au stade de Tiény-Séably. Cependant ‘‘petit Barrot’’ lance un appel aux autorités afin qu’elles se penchent sur son cas. Car, les seuls souvenirs qu’il a gardés sont la notoriété et la médaille marocaine qu’il détient et brandit fièrement chaque fois que l’occasion se présente.
Angeline Djérabé
On fait également de la lutte dans notre pays!waouh ! Et dire que je ne savais pas. Dommage que ce champion ne soit pas populaire .
Oui mais ce sport est surtout développé à l’ouest du pays.
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