Longtemps la vitrine des anciennes colonies du « Pré carré » français, la Côte d’Ivoire, indépendante en 1960 est restée un havre de paix jusqu’en 1993, après le décès du président  Félix Houphouët-Boigny.  C’est la chronique de cette stabilité qui a tourné au cauchemar que propose l’écrivain Thomas Holfung, dans son œuvre de 191 pages, « La crise ivoirienne, de Félix Houphouët-Boigny à la chute de Laurent Gbagbo », publiée par Frat Mat éditions en 2012.

Dans sa chronique « La crise ivoirienne, de Félix Houphouët-Boigny à la chute de Laurent Gbagbo », Thomas Holfung relate la « Catastrophe ivoirienne ». Avec un style simple, l’auteur dépeint la personnalité des principaux acteurs politiques qui ont marqué recemment l’histoire du pays. A savoir les anciens présidents feu Félix Houphouët-Boigny, le père de la nation ivoirienne, Henri Konan Bédié, président du Pdci-Rda et Laurent Gbagbo, fondateur du front populaire ivoirien.

Selon l’auteur, la terre d’Eburnie devait sa stabilité sous le père de la nation, à l’étroite collaboration qu’entretenait celui-ci avec Paris. Page 19, « Il abandonne le combat anticolonial. Il se rapproche ostensiblement des… François Mitterrand. Sa lune de miel avec Paris va fonctionner comme une assurance vie politique pendant plus de quarante ans. » Mais quelques temps après le décès d’Houphouët, la guerre des héritiers se déclare. Page 34, « à l’annonce de la mort du père fondateur, deux hommes se sont brièvement disputés le trône : le président du parlement Henri Konan Bédié et le premier ministre Alassane Ouattara. » Pour l’auteur cet affrontement feutré, inaugure une longue période de turbulences politiques qui iront crescendo au fil des ans. D’abord le concept de l’ « Ivoirité » fait des ravages, à tel point qu’il s’installe, « Un climat de xénophobie… dans un contexte économique toujours difficile», page 44. Ensuite le coup d’Etat de décembre 1999 et l’élection de 2000 dont ont été exclus deux candidats. Page 53, « Parmi les recalés deux pointures : l’ancien premier ministre Alassane Ouattara, pour nationalité douteuse ; et l’ancien président Henri Konan Bédié … » Le scrutin présidentiel qui se déroule entre le général Robert Guéï et Laurent Gbagbo va dégénérer et virer au drame. Page 55, « le 24 octobre, les soldats du sergent Boka Yapi, l’homme de main de Guéï, tirent sur les manifestants tuant de nombreuses victimes. »

Le règne de Laurent Gbagbo débute ainsi avec les pires violences qu’ait connues un pays jadis cité en exemple pour sa stabilité. Page 56, « à leur tour les partisans de Ouattara armés de gourdins et de machettes descendent dans les rues pour réclamer la tenue d’un nouveau scrutin sans exclusive. » Laurent Gbagbo le nouveau président élu entretient des rapports « ambigus avec la France, empreints de méfiance et d’arrière-pensées », page 59. Si bien qu’il n’aura pas la protection dont a bénéficier son adversaire historique Félix Houphouët-Boigny. Le 19 septembre 2002 éclate un coup d’état à la suite duquel le pays des éléphants sera scindé en deux parties. Page 84, « dans les allées du pouvoir à Abidjan, certains accusent toutefois Bouygues de n’avoir pas digéré l’arrivée au pouvoir de Laurent Gbagbo. »

Toutefois pour éviter que le pays s’embrase totalement, la communauté internationale avec à sa tête la France, multiple les entretiens avec les protagonistes ivoiriens aux fins de trouver une solution. Il s’agit des accords de Linas-Marcoussis, d’Accra, de Pretoria et de Ouaga. Finalement en 2011, Laurent Gbagbo « qui a subi les assauts répétés de ses adversaires », sera en 2011, chassé, par les forces étrangères, de la magistrature suprême. Page 170,  « le 11 avril au matin, Paris donne le coup de grâce …tuant plusieurs dizaines de combattants pro-Gbagbo. »

Thomas Holfung dans un français courant, conduit le lecteur au cœur de la vie politique ivoirienne tout en dépeignant la personnalité de chaque acteur. L’auteur utilise quelques fois des métaphores dans « La crise ivoirienne, de Félix Houphouët-Boigny à la chute de Laurent Gbagbo ». Mais cela ne rend pas moins aisée la lecture de cet ouvrage.

Angeline Djérabé

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