Lauréat du « Prix Jeune inventeur », édition 2013,Yves Kouadio, inventeur de la « Canne à semer’’ peine à passer à la production industrielle de masse de son invention. Rencontré récemment lors de « Immo septembre 20″, il revient sur son parcours tout en affichant le sentiment d’un artisan abandonné.
Comment vous définissez-vous ?
En ma qualité d’inventeur de la « Canne à semer » je suis technicien-concepteur. À ce titre, je travaille sur d’autre projet dans la production agricole vu que la Côte d’Ivoire est plus ancrée dans ce secteur.
Nous n’avons pas encore atteint le degré des pays industriels, donc, il est important de trouver les moyens adéquats pour permettre aux paysans de travailler aisément dans les champs.
Qu’en est-il aujourd’hui de la « Canne à semer’’ ?
À ce jour c’est une invention brevetée. Elle a même été primée en 2013 avec le « Prix Jeune inventeur », du Programme d’appui à la Recherche Scientifique (Pasres).
Pour la petite histoire, Alexis Kouamé, directeur de l’Office Ivoirien de la Propriété Intellectuelle (Oipi) a affirmé qu’il n’y a pas eu de débat sur la validation de la ‘’Canne à semer’’ parce qu’elle est réelle. Vu qu’on peut la toucher, manipuler et tester. Alors qu’en général, les inventions relèvent plus de la théorie.
Hormis la Canne à semer, quelle autre machine avez-vous conçue?
J’ai conçu «Semirogène’ », une machine identique au tracteur qui peut débiter 30 graines par trou en une minute. Contrairement à la « Canne à semer’ » qui en libère tout au plus 12 dans le même temps. Et il y a aussi le « Labourex » qui va servir à labourer le sol.
Toutefois, ce qui va certainement retarder la finalisation de l’ouvrage, c’est l’espace de production. Car, il me faut un atelier de production équipé pour mieux produire.
Où comptez-vous installer votre atelier de production ?
Cet atelier qui servira à la fois de pôle de réflexion et de construction sera situé dans le village d’Assoikro, non loin de Djébonoua dans la Région du Gbêkê. Parce que dans mon domaine, on parle d’invention constructive.
Elle est différente des inventions développées (théorie) sur du papier, car elle part du plan et s’achève à la méthodologie industrielle. Pour cela, il faut concevoir les pièces pour favoriser la construction des machines et il faut aussi inventer les machines pour fabriquer les pièces et vice-versa.
Quels sont vos matières premières pour fabriquer vos œuvres ?
Je travaille avec tout ce qui est matière chaude. À savoir le fer, l’aluminium etc. Le « Semirogène » et le « Labourex » sont en phase de construction.
Concernant la « Canne à semer » nous sommes à l’étape industrielle et avons fait plusieurs essais car nous entendons réussir son volet industriel. Parce qu’il s’agit d’inventer utile pour une utilisation efficiente.
Après le Prix, avez-vous déjà vendu quelques unités de la « Canne à semer » ?
Bien que la « Canne à semer » ait remporté le Prix Pasres avec une enveloppe de 2 millions de francs CFA, je n’ai pas assez de moyens matériel et financier pour finaliser la production industrielle. Car les structures qui promettent de nous aider à avoir une assise, ne respectent pas leur engagement. Ce qui fait que ça piétine.
Avez-vous d’autres inventions en perspectives ?
Bien sûr j’ai beaucoup d’autres projets que j’entends mettre en route dès que possible avec mon équipe. Il s’agit des machines à labourer le sol, à cabosser le cacao et à faire les buttes.
Pour l’instant je suis concentré sur la ‘’Canne à semer’’ afin de satisfaire une grande demande.
Qu’attendez-vous des autorités ivoiriennes ?
Sincèrement en notre qualité d’inventeur et lauréat, on a besoin d’être pris en main par l’Etat. Car nous participons à l’essor économique!
L’invention est le cœur et le pilier du développement d’un pays. Si on met l’accent sur la recherche et on met de côté la création, je suis désolé mais on va droit dans le mur.
Entretien réalisé par Eugène Kouadio