Le responsable de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d`Ivoire (Pdci), Bertin Kouadio Konan dit K.K.B. par ailleurs ex-candidat à l’élection présidentielle ivoirienne, a animé ce jour, un point presse à son cabinet. Voici l’intégralité de son discours.
Ivoiriennes, ivoiriens
Mes chers compatriotes,
Chers amis de la presse nationale et internationale,
J’ai décidé de reprendre la parole, en cette période agitée au plan politique, pour interpeler nos consciences sur la nécessité de ne jamais perdre de vue l’essentiel. L’essentiel pour moi, c’est la Côte d’Ivoire notre beau pays.
La fébrilité qui semble avoir gagné nombre de nos compatriotes me semble étrange puisque les chamboulements en perspective de la vie politique étaient tout à fait prévisibles. Il aurait fallu écouter ceux qui, comme nous, l’avaient anticipé à travers leurs déclarations, ou tout simplement ouvrir les yeux pour voir les choses venir.
Mes chers compatriotes,
Comme vous le savez, en politique certaines données sont constantes. Je me permets d’en citer deux :
Premièrement, le pouvoir ne se donne jamais. Et si quelqu’un le dit et refuse de céder le pouvoir qu’il détient, il ne fait qu’exprimer une vérité que tous les hommes politiques devraient connaître.
C’est pourquoi, je n’avais jamais cru en l’alternance telle qu’envisagée par le Président de mon parti, le pdci-Rda. Aussi, pour rester constant dans ma vision de la politique, ai-je pris la décision que vous savez tous et qui me vaut l’ostracisme qui me frappe encore aujourd’hui.
La vie politique ne se nourrit pas d’alternance tontinière en démocratie. Elle est rythmée, au contraire, d’alliances qui proposent des alternatives crédibles et auxquelles les populations accordent leur confiance. Et c’est bien ce qu’il nous a été donné de vivre dans notre pays : alliance Rdr-Fpi, alliance Rdr-Pdci-Mfa-Udpci à travers le Rhdp.
Deuxièmement, parce que la vie politique se nourrit d’alliances, elle ne doit jamais conduire à la disparition des partis politiques significatifs qui, au plan légal, sont créés pour l’animation de la vie politique et l’expression de la démocratie.
Mes chers compatriotes,
Comment animer la vie politique pour que s’exprime la démocratie en Côte d’Ivoire si la déstabilisation gagne tous les partis politiques ivoiriens ? Comment animer la vie politique en plein 21e siècle en caressant le vœu secret d’y faire prospérer la pensée unique ?
Vous aurez compris, chers compatriotes, que le militant actif Pdci que je suis et des millions d’autres avec moi n’avons voulu voir disparaître le Pdci, le parti bâtisseur de la Côte d’Ivoire moderne, celui qui a tracé les premières routes, construit les premiers ponts, les premières écoles, donné sa chance d’intégrer la fonction publique à tous les ivoiriens qui en remplissent les conditions, sans aucune considération d’ethnie ni de religion, sans vendre aucune place et j’en passe. Qui dit mieux de mémoire d’ivoirien?
Mes chers compatriotes,
J’ai finalement compris qu’en politique la raison et la lucidité ne sont pas liées à l’âge. Elles ne sont pas non plus liées au rang social. Encore moins à la fortune.
Après tant d’émois et d’incompréhensions, je veux marquer ma joie. Tous les observateurs de notre vie politique l’ont été, sûrement. Enfin, j’ai été écouté. Enfin, je suis compris. Aujourd’hui, notre pays s’en trouve bien même si des efforts et des actes forts restent encore à faire et à accomplir.
Mes chers compatriotes, militantes, militants du Pdci-Rda,
Mes convictions sur le rôle des partis politiques n’ont pas changé. Les partis politiques sont constitués pour conquérir et exercer le pouvoir. Le soldat qui a milité pour cette cause n’était donc pas perdu puisque vous le retrouvez là où vous l’avez laissé. Et, il vous souhaite la bienvenue dans l’arène des gladiateurs. Il a eu tort d’avoir eu raison trop tôt. Il a eu raison d’avoir mené le combat pour la survie du Pdci. Il vous remercie d’avoir enfin compris la justesse de ses positions.
A présent que nous nous sommes retrouvés et compris, du moins je l’espère, l’enjeu le plus important, à mes yeux, pour la paix et la consolidation de notre démocratie, est la réconciliation des ivoiriens. Je voudrais donc exhorter tous les acteurs politiques à œuvrer pour cette réconciliation.
A ce propos, je suis heureux de voir 800 de nos concitoyens, prisonniers politiques après la crise post-électorale, retrouver enfin après mille vicissitudes leurs familles, leurs épouses, leurs époux, leurs enfants, leurs amis, leurs biens, la vie d’homme libre jouissant de tous ses droits civiques. Qu’il est beau quand on emprunte les voies de l’houphouétisme vrai basé sur le pardon. Tel a été mon but depuis que j’exhortais le Président Ouattara à offrir aux Ivoiriens cette réconciliation vraie pour toujours. Telle a été la voix que j’ai prescrite rassurant davantage nos compatriotes sur ce désir. On a ainsi compris qu’une minute de paroles a suffi pour libérer les cœurs. Une minute de paroles pour au nom de la paix, au nom de l’amour du pays, a suffi pour un bien meilleur avenir national dans la joie retrouvée. Je voudrais, chers compatriotes, l’en féliciter.
Je reconnais enfin ma Côte d’Ivoire qui croit aux vertus de l’union autour des valeurs cardinales que nous a léguées le Père fondateur, dont le pardon et l’union pour construire une nation forte et prospère. J’appelle donc au Rassemblement des Ivoiriens pour tracer les voies d’un nouveau développement harmonieux qui donne à chacune des filles et à chacun des fils de ce pays sa chance, qui ne laisse personne en rade du fait de son ethnie ou d’autres considérations revanchardes, qui offrent la possibilité pour tous d’apprécier la bonté de la nation envers tous ses enfants, qu’ils soient du nord, du sud, de l’est ou de l’ouest. Je l’encourage à aller au-delà en en terminant en beauté ce qu’il a si bien commencé. Cela veut dire en étendant son pardon aux militaires privés de liberté depuis 2011.
En sa qualité de garant du vivre ensemble qui implique le pardon, la cohésion et l’amour, je lui réitère ce que je n’ai cessé de marteler depuis que j’ai ouvert la voie de la Haye : aller au pardon pour tous.
Pour le parlementaire que je suis, j’exhorte le Président de la République à saisir l’Assemblée nationale aux fins de légiférer pour traduire l’ordonnance prise à cet effet en texte de loi.
Le chantier est immense. Il nous faut reconstruire un nouveau pacte de confiance. Il nous faut améliorer la qualité de vie de l’ivoirien. Il nous faut promouvoir l’équité et l’égalité des sexes. Il nous faut reconstruire notre système éducatif de sorte qu’il réponde aux attentes de développement de notre pays. Il nous faut un dialogue permanent autour des questions d’intérêt national ; et je me tiens à la disposition de tous les Ivoiriens pour mener cet autre combat.
Dieu Bénisse notre beau pays !
Je vous remercie.